Des Communautés Hydrologiques pour une société moins liquide EDITORAL

Nous sommes heureux de vous faire découvrir notre nouveau site. Plus clair, plus structuré, il sera un outil bien utile pour accompagner nos actions, en rendre compte et créer des échanges. Il va contribuer à rendre plus visible la question de l’eau, de la biodiversité du paysage dans notre ville. Et continuer à faire de l’eau un objet plus politique aussi.

Une question plus mais pas toujours assez politique

La question de l’eau devient de plus en plus visible à Bruxelles… La Semaine bruxelloise de l’eau initiée par la Région et qui se déroule au moment même de l’écriture de cet éditorial atteste du fait que la Région veut donner à cette question une plus grande visibilité. Et c’est une bonne chose. Un élément aussi vital que l’est l’eau ne peut rester dans l’ombre trop longtemps. On rappellera tout de même que ce sont les EGEB qui, à la suite de la plate-forme Eau Water Zone et le projet Open source et du Parcours citoyen Ixelles dont ils sont issus, sont les premiers à avoir fait de cette question un enjeu non seulement de visibilité, mais un enjeu politique partagé.

Nous entendons par politique le fait qu’elle fasse l’objet de débats et d’expérimentation ouverts aux publics sur les choix techniques, sur les coûts, sur le prix de l’eau, mais aussi avec ce qui fait les liens de cette dernière avec d’autres questions qui l’environnent, etc. L’avantage d’une eau non politique, définitivement mise en tuyau, rendue invisible, c’est qu’elle n’embête personne : on peut ne plus s’en soucier. Dormons sur nos deux oreilles, d’autres, - des experts - s’en chargent, pourrait-on croire ! On paye bien pour un service. Mais les pollutions, les inondations, les coûts, voire le prix de l’eau nous rappellent que l’on n’est jamais indemne de rien. L’eau est indubitablement un objet ramifié et politique : elle ne peut rester le fait de quelques spécialistes et techniciens - même si bien sûr, ils ont un rôle à jouer -, ce qui est encore somme toute pour la plus grande part le cas.

Une gouvernance pas très ouverte

Sur ce point, les choses avancent plutôt lentement. Et l’eau qui est un des terrains d’expérimentation parmi de nombreux autres n’est pas en reste. Le Plan de gestion de l’eau, cette somme de savoirs, a totalement oublié de faire ne serait ce que mention des mouvements citoyens qui expérimentent dans cette ville et des concepts qu’ils apportent. La Plate-forme régionale de coordination pour l’eau est, elle, une affaire qui traite essentiellement de la relation entre les Opérateurs de l’eau inter-communaux et régionaux. Il n’y a pas de place pour une réflexion commune, associant les savoirs et expérimentations des collectifs, ou si peu.

Pour notre part, nous continuons de penser que les habitants de cette ville doivent pouvoir beaucoup plus contribuer aux choix de ce qui les concernent. La solidarité de bassin versant reste un concept à explorer et à rendre opérationnel. Le Versant solidaire de Forest, la première expérience en la matière, est difficile à mettre en place. Un premier bilan est à faire, mais le rapport entre habitants (citoyens) et politiques et institutions n’est pas toujours évident, les enjeux restant tendus. On en reparlera.

Une expérience de recherche prometteuse

Face à cette difficulté, nous nous engageons depuis le début de cette année sur de nouvelles pistes d’action qui paraissent prometteuses car fondées sur un processus plus rigoureux de recherche. Le projet BrusSEau, Bruxelles sensible à l’eau, est un projet de recherche action participative (RAP) d’une durée de trois ans soutenu par le programme Co-create. Living Labs d’Innoviris. Il s’agit de proposer de créer des Communautés Hydrologiques qui se fonderont sur plusieurs éléments sociaux-hydro-techniques telles que les Nouvelles rivières urbaines et les Ilots d’eau que nous connaissons déjà bien, mais aussi sur la mesure des flux de l’eau (WateCitiSense), toutes ces approches élaborant ensemble une masse de savoirs qui permettra à ces Communauté Hydrologiques de réaliser des diagnostics des problèmes et de faire des propositions de solutions.

Ce projet est mis en place par sept partenaires dont trois centres de recherches universitaires, trois bureaux d’étude en architecture et en hydrologie et nous-mêmes… Déjà les Communauté Hydrologiques se mettent en place à Forest et à Jette. Dans une société toujours plus liquide, ainsi que Zigmunt Buman le définit, où les humains sont tels des atomes toujours plus isolés, comme dans les liquides ou autres fluides, voilà que l’eau pourrait faire lien. De cela nous reparlerons aussi.

Bonne découverte de ces projets et prises de position en vous promenant dans ce site qui reste largement en évolution.

Les EGEB