Des eaux pluviales au jardin, de l’inventivité Récit de trois rencontres dans des potagers de la vallée du Molenbeek

, par Michel Bastin

Une première rencontre eut lieu à l’occasion de la fête du Jardin Laneau, à Laeken en juillet. Et, en collaboration avec quelques piliers de ces jardins, nous avons organisé deux balades exploratoires au cours de l’automne.

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Cette exploration en trois temps nous a mené de la ville dense (Cœur de Laeken) un relativement vaste bout de paysage rural préservé au sein du tissu urbain. Elle nous a fait découvrir :

- trois jardins collectifs (Laneau et Libertuin à Laeken, Ecollecto à Jette).

- plusieurs des sites, des secteurs du Coin de Terre, comprenant chacun un certain nombre parcelles de Jardins familiaux.

La seconde balade fut reprise dans la programmation du Mois de la Ville-Nature.

Vous trouverez ci-dessous un rapport de cette exploration.

PDF - 15.8 Mo

Vous trouverez également dans notre une page de liens vers d’autres sites, notamment de Bruxelles Environnement, traitant du sujet. Mais tout d’abord, faisons un rapide récit de cette exploration.

Une diversité de jardins

Les jardins horticoles que nous avons visités ne sont que quelques uns de ceux, nombreux que compte la région. Néanmoins, au travers de la question de l’eau, nous avons pu voir déjà combien chaque situation, chaque dynamique est spécifique. L’un est hors sol, implanté sur une dalle du métro, l’autre s’étend à l’orée d’un bois, un autre encore en intérieur d’îlot ou au pîed d’une barre d’immeubles, etc..

(Du reste, les cafés des savoirs que nous avons organisés dans la vallée nous ont eux aussi permis de lever un coin de voile sur cette diversité).

Nos pas nous ont aussi conduit-es vers le site de lagunage de la Ferme des Enfants de Jette et Jean, de la CEBO nous a ouvert les portes des Marais de Jette. Bertrand l’asbl Poopidoo nous a dit quelques mots des toilettes sèches.


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L’eau au potager, une approche en plusieurs questions et points d’attention

Comment prévenir ?

Toustes les potagistes rencontré-es s’y accordent, il importe, et il est possible de limiter - au moins un peu - les besoins en eau. On peut privilégier des légumes plus sobres, éviter ces grands soiffards que sont les choux, les tomates… Surtout, une règle d’or ressort de nos échanges : se faire souci du sol. Nu, au soleil, le sol se dessèche inexorablement. Il est bon de le maintenir (presque) toujours couvert et pour cela, de recourir aux engrais verts ou au paillage. On paille à l’aide des matières disponibles sur place ou aux alentours : feuilles mortes, broyat, etc. Le sol, ainsi protégé et nourri développe une bonne structure ; les micro-organismes qui l’habitent y travaillent. Une bonne structure du sol en réduit la capillarité, elle en maintient l’humidité, y compris en profondeur.

Ceci n’empêche pas d’imaginer d’autres astuces. Au Jardin Laneau, une potagiste a eu l’idée de… fermer des rideaux afin de protéger ses plantations d’un soleil trop vif. (photo 2)…

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Comment la recueillir, la stocker, l’acheminer ?

Tous les jardins que nous avons visités recourent aux eaux pluviales. A Bruxelles il en tombe environ 700 litres par année par m². Toute surface, petite ou grande, plate ou en pente, connectée par une gouttière à un fût, ou à une citerne, permet d’en recueillir de belles quantités. Que ce soit le toit de la cabane à outils érigée sur toute parcelle du Coin de Terre ou dans la plupart des jardins collectifs, la serre (Laneau, plusieurs sites du Coin de Terre), le petit toit protégeant le four à pain voire les planches couvrant les bacs à compost (Ecollecto).

Plusieurs équipes ont envisagé de déconnecter les gouttières de maisons ou de bâtiments avoisinants. Parfois, elles y ont réussi. Au Jardin Laneau, un système permet, une fois que les cuves sont vides, de les connecter à l’eau de ville - que les potagistes paient alors au propriétaire. A Florair, le coin de Terre a accès à un grand réservoir recueillant l’eau des toitures de quelques boxes.

A Esseghem, dans le cadre de Brusseau, une citerne collective a été imaginée. Celle-ci n’a pas encore vu le jour, ni les réservoirs dont le volume avait été estimé et l’implantation envisagée au secteur du Coin de Terre de la rue Vanderschrieck. Ce, en collaboration avec HYDR et les EGEB. Nous y reviendrons dans un autre article.

Du reste, que se passe-t-il quand le fût ou la citerne sont pleines ? Elle déborde bien sûr. Il faut donc prévoir un trop-plein qui peut alimenter une mare comme au Libertuin (photo) ou simplement s’écouler dans le sol (Coin de Terre) et contribuer ainsi à en maintenir l’humidité.

photos 4 et 5

Être inventif

Nos visites et nos échanges nous l’ont montré, les potagers urbains sont fertiles… en turcs, astuces, expérimentations. Si d’aucune-es recourent à une méthode ancestrale qui nous vient des pourtours de la Méditerranée, l’oya, jarre en terre poreuse, plus d’un-e potagiste, dans l’esprit du DIY, invente l’une ou l’autre astuce à partir de matériaux détournés/récupérés. Ici une bouteille renversée à laquelle est vissée un bec (Libertuin - photo 5), là section percée de tuyau (Laneau - photo 4), ou, encore cet ingénieux système créé dans un jardin sur dalle à Watermael, qui alimente un système d’arrosage au goutte-à-goutte. Ce dernier fera l’objet d’une prochaine visite.

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Convenir, se parler

Dans les jardins, si il y a un sol à soigner, des plantes plus ou moins exigeantes en eau, il y a aussi des humains, plus ou moins patient-es, plus ou moins désireux-ses de ramener chez eux de quoi se repaître... La gestion de l’eau, comme bien d’autres sujets y font l’objet d’échanges, de discussions, de tensions aussi parfois… Et de conventions écrites, de chartes…

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